Face aux sentiments que notre monde va mal et court à la catastrophe, l’idée de s’isoler du reste du monde pourrait l’emporter : construire des frontières entre la sphère privée et publique, entre notre pays et le reste du monde serait une solution privilégiée pour se protéger de l’autre, nécessairement responsable de nos malheurs. Cette protection serait la pierre angulaire établissant un règne de l’ordre, luttant contre des comportements déviants et des prises de parole intempestives. Le bon sens et le bon goût deviendraient une norme, exposant les bonnes pratiques et attitudes, garant d’un savoir être social productif… Contrairement à cela, nous soutenons que des espaces sont à bâtir pour lutter contre les dystopies, éviter le dogme de la zone interdite, combattre le culte de l’entre-soi et du chacun pour soi, l’amour nihiliste de la loi, la culture de l’évidence, et ainsi cultiver actions positives, bienveillance les uns envers les autres, bien vivre et bien faire ensemble.
Depuis 1967, La Paillette fait ainsi vivre une maison ouverte à toutes celles et ceux qui veulent exercer leur citoyenneté, dans la dignité et le respect des droits humains, et développer leur culture personnelle. Une maison dont les fondations reposent sur l’épanouissement des personnes, sans discrimination, et dans la perspective qu’elles participent à la construction d’une société plus solidaire. Un lieu dont la charpente est constituée d’un pluralisme d’idées, aussi précieuses les unes que les autres reposant sur un entrait — la laïcité, dans l’indépendance aux partis et mouvements politiques, aux confessions quelles qu’elles soient.
Cette maison est gérée dans un esprit démocratique et collaboratif, organisée autour d’un modèle associatif pleinement ancré dans une économie sociale, solidaire. En interne, salariées et bénévoles, peuvent faire l’expérience du collectif, exercer des droits et des devoirs : on peut y prendre la parole et agir ensemble. À Rennes, en Bretagne et dans les territoires de partenariats, La Paillette propose une contribution fidèle et active aux dynamiques collaboratives des acteurs du monde éducatif, culturel, social et plus largement des structures qui poursuivent un but d’intérêt général.
La Paillette accueille des jeunes ou plutôt des jeunesses, sans en faire un public exclusif puisque sous son toit, il est essentiel d’offrir à chaque membre de la population, toutes générations confondues, la possibilité de prendre conscience de ses aptitudes, de développer sa personnalité et se préparer à devenir citoyen actif et responsable. C’est un lieu où pédagogues, artistes, équipes technique et administrative, parents et enfants, jeunes et moins jeunes… s’associent autour des arts et des cultures dans le but d’être plein acteur de leur vie et d’un bien-être collectif.
C’est une maison de la culture ou plutôt des cultures, qui dispose de multiples fenêtres sur le monde en proposant des activités artistiques, sociales et culturelles ouvertes à toutes et tous, accessibles au plus grand nombre. L’emploi du terme « culture » n’y est pas pensé comme un ensemble de pratiques et de services liés à l’art dans sa seule dimension consumériste. Depuis la déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 jusqu’à la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO en 2005, de nombreux textes appréhendent la notion de culture de manière élargie. Soucieuse de respecter les droits culturels des personnes, La Paillette accueille chaque citoyenne pour qu’il ou elle participe à une vie culturelle en vivant et en exprimant pleinement son identité.
Enfin, La Paillette est une Maison des Jeunes et de la Culture et s’inscrit dans l’histoire de l’éducation populaire. Au confluent de dynamiques éducatives multiples, elle propose un ensemble d’activités où des connaissances sont diffusées et des pratiques transmises dans un temps qualifié de « libre », en complément de temps scolaire ou professionnel. L’association fait ainsi le pari de l’expérience artistique et culturelle, pour adoucir les injustices sociales, permettre l’émergence d’habitantes toujours plus conscientes de leur propre vie, maîtres de leurs parcours, préparées à leur devenir individuel et collectif.
L’équipe de La Paillette